3 février 2015
Paradjanov, visions littéraires
Sise sur une colline d’Erevan surplombant le canal Nizhne-Razdanskiy se trouve la dernière demeure de l’excentrique cinéaste Sergueï Paradjanov (1924-1990). C’est aujourd’hui un musée où sont exposées des œuvres surprenantes faites de collages, de chapeaux, poupées surréalistes et de peintures folles. Force est de constater l’auteur des Chevaux de Feux n’a donc pas seulement officié avec brio dans le monde du cinéma mais également dans d’autres domaines. (suite…)
Classé dans: 1.70 Littérature caucasienne, VARIA
16 octobre 2014
Comme le vôtre, répondit-elle.
© Gueorgui Pinkhassov, Baku, 2009
Celui qui voulut être marin toute sa vie, Alexandre Grine (1880-1932), a toujours été un écrivain naviguant au large de la littérature russe des années vingt. Pour tracer des accointances littéraires, on pourrait rapprocher L’attrapeur de rats aux nouvelles de l’uruguayen Horacio Quiroga pour leur caractère enfiévré et cette lente macération des êtres dans les jungles. Le chef-d’œuvre de Grine se déroule dans une autre jungle – urbaine et administrative – celle du bâtiment désaffecté de la Banque Centrale de Petrograd. (suite…)
Classé dans: 1.10 Littérature russe
30 juillet 2014
Un monstre métaphysique
« Quiconque aurait un minimum de bon sens ne pourrait en vouloir à un esprit profondément sérieux si celui-ci ne proférait sa vie durant que des bouffonneries. »
Ladislav Klíma
©Jiri Kolár, Kruhy, Chiasmage de carton 97,3 x 67,7 cm (1966)
Il faudrait faire, comme le souhaitait Léon Chestov, une histoire des laissés-pour-compte de la philosophie. Y figurerait en bonne place le serpent-philosophe autodidacte Ladislav Klíma. Né en Bohème occidentale en 1878, le jeune Klíma est brillamment expulsé de tous les établissements d’enseignement de l’Empire autrichien pour avoir dans une dissertation atteint à l’honneur de Ferdinand Ier de Habsbourg. (suite…)
13 juillet 2014
Les images de vie
« Ton film aura la beauté ou la tristesse ou etc., que l’on trouve à une ville, à une campagne, à une maison, et non la beauté ou la tristesse etc., que l’on trouve à la photographie d’une ville, d’une campagne, d’une maison. »
(Robert Bresson, Notes sur le cinématographe, Paris, Gallimard, 1990)
©Andreï Tarkovski, Lumière instantanée, Paris, P. Rey, 2004
La vie touche d’une tout autre manière que le discours qu’on fait sur elle. Quelle que soit la puissance du discours, il en va pour nous comme pour cette femme dont parle Kierkegaard dans son journal : (suite…)
Classé dans: 1.10 Littérature russe, 7.80 Littérature danoise, VARIA
13 mai 2014
Voix de ceux qui n’en ont pas
Il y a des choses dont il est impossible de parler. On ne peut les évoquer qu’en peignant. Et encore, à dire vrai, même cela n’est pas possible. (Jacek Dehnel)
C’était une chienne, elle s’appelait Vanda, pas avec un w, un v simple, d’animal errant qu’elle était. (Antonio Tabucchi)
La compassion absolue est le seul réel dans un univers où tout est illusoire sauf la douleur. (Yves Bonnefoy)
Francisco de Goya, Le Chien, 1820-1823.
Entre 1820 et 1823, Francisco de Goya peint a secco sur les murs de sa maison de campagne au nom prédestiné, la Quinta del Sordo (« Maison du Sourd »), la série de ses quatorze Peintures noires (suite…)