5 avril 2018
Histoire d’une dévoration
par Alban Lefranc
« J’avais, tout simplement et sans en avoir conscience, fait de l’imaginaire de Döblin ma propre vie. » Rainer Werner Fassbinder n’a pas seulement adapté pour la télévision le roman monstre d’Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz, paru en 1929, à travers une série de quatorze épisodes. Entre lui et ce livre qui, adolescent, « l’empêche de crever », il y a bien plus qu’un dialogue ou le choix calme et réfléchi de certains thèmes ou principes esthétiques : l’amour comme l’instrument le plus efficace de l’oppression sociale, l’élévation dans le mythe de personnages en apparence insignifiants, le goût du mélodrame, etc. Dans presque tous ses films, le cinéaste tord le roman à travers ses obsessions propres, le déplace, le réinvente, mais le roman résiste et le tord en retour.
L’écrivain Alban Lefranc, actuellement en résidence, décrit pour nous quelques moments de cet étrange corps à corps entre un livre et un cinéaste.
Classé dans: 7.10 Littérature allemande
10 mai 2016
Les traîneries monstres
Robert Rauschenberg, Riding bikes, 1998
La forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel, Hanns Zischler pourrait faire sien les vers de Charles Baudelaire pour son Berlin est trop grand pour Berlin. De destructions incessantes (et cela même avant les bombardements de la deuxième guerre mondiale) en reconstructions sans plan réel d’urbanisme, la ville de Berlin n’a jamais réussi qu’à devenir le fantôme de la ville internationale qu’elle voudrait être. La réédition de ce Berlin est trop grand pour Berlin (épuisé dans une version courte depuis quelques années) aux éditions Macula est la bienvenue pour comprendre cette histoire et la sensation étrange que l’on peut ressentir en déambulant dans cette ville.
Classé dans: 7.10 Littérature allemande, VARIA