2 mars 2019
Their Eyes Were Watching God
par Sika Fakambi
« Donc au commencement il y avait une femme et cette femme revenait d’enterrer les morts. Pas les morts malades et agonisants entourés d’amis à leur chevet et leurs pieds. Elle revenait des boursouflés et des détrempés ; les morts soudains, aux yeux grands ouverts, rendant jugement.
Tous la virent revenir car c’était au soleil descendu. Le soleil s’en était allé, mais il avait laissé dans le ciel l’empreinte de ses pas. C’était le moment de s’asseoir sur les vérandas au bord de la route. C’était le moment d’écouter ce qui vient et de parler. Ces assis-là avaient sans yeux, sans oreilles et sans langue servi d’outil tout le long du jour. Mules et autres bestiaux avaient occupé leur peau. Mais le soleil et le boss-man s’en étaient allés, et maintenant ces peaux se sentaient humaines et puissantes. Devenaient seigneurs des sons et des moindres choses. Faisaient passer des nations entières par leur bouche. Assis, rendant jugement. »
Zora Neale Hurston, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu
un roman américain traduit par Sika Fakambi, Zulma, 2018
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
4 octobre 2018
Les jeudis en résidence #2 : Sika Fakambi
Pour ce second Jeudi en résidence, Sika Fakambi revient sur sa traduction en français d’un roman de Zora Neale Hurston (1891-1960) publié en septembre dernier aux éditions Zulma, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu. Donnant à entendre des extraits de sa traduction ainsi que le texte original anglais lu par deux autres résidentes, Eliza Robertson et Miriam Greenberg, Sika Fakambi dessine un portait vivant de cette auteure américaine. Pionnière flamboyante et iconoclaste, adulée de ses lecteurs, revendiquée aussi bien par Maya Angelou, Zadie Smith ou Paul Beatty, elle est, selon Toni Morrison, «l’un des plus grands écrivains de notre époque».
Classé dans: 8.20 Littérature américaine