23 janvier 2017
Moelle et essence
Wynn Bullock, Erosion, 1959
Pour la énième fois, William Gasper, un quasi ermite entreprend l’ascension de la Lune, un sommet « aussi nu qu’un point-virgule » de la Sierra Nevada. Une marche en solitaire qui devient vite prétexte à la résurgence de souvenirs sur la guerre de Corée, un passé trouble de tueur à gage, une apparition fantasmagorique. Tel une arme, le corps de Gasper est fourbi par les pas alignés et la discipline militaire qu’il s’impose pour arriver au sommet. Rien ne devait le faire dévier de cette ascension si ce n’est l’arrivée d’un poursuivant armé – point de bascule du récit d’Howard McCord L’homme qui marchait sur la lune. Peu à peu, ce jeu du chat et de la souris prend la forme d’un espèce de satori apocalyptique. Tout en épure, glacial, sans espoir sur l’être humain, il rappelle les romans rongé jusqu’à l’os de Cormac McCarthy tel Mériden de sang ou encore celui de William Gaddis, Agonie d’agapè. Comme le protagoniste de L’homme qui marchait sur la lune, Howard McCord partage son temps entre la lecture, le tir et la marche. Plus poète que romancier, son roman est une belle incursion dans cette prose qui comble le blanc que la poésie laisse entre «la moelle et l’essence ».
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
22 janvier 2017
Nevermore
Edouard Manet, illustration pour Le Corbeau d’Egar Allan Poe, Paris, Richard Lesclide, 1875
Dans les années 1840, Edgar Allan Poe publie l’un de ses plus célèbres poèmes intitulé The Raven, ballade romantique de dix-huit strophes méthodiquement construite de manière à insuffler, par le jeu des rimes intérieures et des allitérations, une extrême musicalité au poème que traverse le cri obsédant, contagieux du corbeau : Nevermore !