24 septembre 2015
Vertiges de la lenteur
Pour fêter ses vingt ans, la revue La Femelle du Requin a décidé de réunir vingt des grands entretiens qui ont fait sa singularité dans Vertiges de la lenteur. Soigneusement édité par les éditions du Tripode, nous y retrouverons Abriela Adamesteanu, Russell Banks, John Banville, John Burnside, Patrick Chamoiseau, Lídia Jorge, Georges-Arthur Goldschmidt, Claude Louis-Combet, Juan Marsé, François Maspero, Pierre Michon, Richard Morgiève, Antonio Muñoz Molina, Leonardo Padura Fuentes, Olivier Rolin, Jean Rouaud, Jacques Roubaud, Antonio Tabucchi, Enrique Vila-Matas ou encore Antoine Volodine. Les très beaux portraits des écrivains qui accompagnent ces échanges ont été pris par Jean-Luc Bertini, l’un des fondateurs de la revue en 1995. Au printemps dernier, celui-ci était venu présenter au sein de la bibliothèque son travail sur les îles Solovki et sa bibliothèque perdue. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
18 septembre 2015
À qui perd gagne
« Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu’une fois. »
Le Grand Jeu n°1 (1928)
Josef Sima, Portrait de Roger Gilbert-Lecomte
Des profondeurs de la nuit nous fait signe la figure d’un poète assez méconnu – hors de l’histoire des cataclysmes [1] – mais dont l’esprit n’a cessé de brûler sur le chandelier, éclairant tous ceux de la maison. Son œuvre a fait ses derniers temps l’objet de plusieurs rééditions [2], nous rappelant l’urgence qu’il y avait à la redécouvrir. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
1 juillet 2015
Des arbres à abattre
©Laëtitia Donval, En surface
Publié une première fois en 1975 par L’Âge d’homme puis réédité en 2003 par les éditions Héros-Limite, La Scierie est toujours resté, le temps passant, un récit anonyme. Certes, nous ne savons toujours pas qui a écrit La Scierie mais peu importe; ce texte fulgurant se suffit à lui-même et on sent bien que l’auteur y a tout mis et qu’il n’écrira plus jamais (ce qui est déjà remarquable…). C’est un cri de rage, moins contre la société ou le monde du travail (l’auteur n’a aucune illusion, ni sur les ouvriers, ni sur les patrons) que contre lui-même. Et sa manière d’être contre soi passera en éprouvant son corps jusqu’à ses dernières limites.
Dans les années cinquante, un jeune élève échoue à son baccalauréat. Dépité, il attend son ordre de départ pour la conscription en travaillant dans trois scieries différentes – en crescendo dans la dureté. Nous sommes loin d’une lutte sociale que l’on pourrait attendre d’un récit de cette époque ; le protagoniste s’acquittera de ses besognes dans la souffrance et racontera son ressenti avec brutalité. C’est un corps seul et égoïste qui parle sans tricherie. Le récit est remarquablement bien écrit, dans une langue presque orale où cette forme se marie parfaitement aux nécessités du récit. La préface est de Pierre Gripari. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
24 juin 2015
À voix nue avec Olivier Rolin
Olivier Rolin revient sur son parcours politique et littéraire avec une série de cinq émissions diffusées sur France Culture dans le programme A voix nue. Remarquablement mené par Mathias Enard, cet entretien de 150 minutes offre un portrait fort de l’écrivain français. La cinquième émission est spécifiquement consacrée à la Russie et à son dernier livre, Le Météorologue. Ouvrage qu’Olivier Rolin est venu présenter lors de la journée Solovki le 31 mai dernier à la Fondation. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
3 juin 2015
Surface clairière profonde
Annabelle Amoros,Ban de la roche, 2012
L’équipe de la bibliothèque est en train de constituer un fonds qui mettra en dialogue la photographie à la littérature. Cette collection sera mise à la disposition du public dès l’automne 2015, inaugurant ainsi une partie du quatrième étage. Parmi les acquisitions, des livres rares, modernes ou encore originaux. Originale l’est cette collection invisible pull éditée par l’Asphodèle /espace pour l’art à Arles qui a pour leitmotiv de faire rencontrer un auteur et un artiste. Parmi ceux-ci, ce petit livre Surface clairière profonde avec une rencontre de la photographe Annabelle Amoros et l’écrivain Jean-Christophe Bailly. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française, VARIA
11 mars 2015
L’esprit à sec et la tête ivre
Tristan Corbière, Album Louis Noir, feuillet 15 (détail)
À mon cotre LE NÉGRIER
vendu sur l’air de « Adieu, mon beau navire ! »
Allons file, mon cotre ! Adieu mon Négrier. Va file aux mains d’un autre Qui pourra te noyer… (suite…)
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25 février 2015
Quimera sur la littérature suisse
La revue espagnole Quimera propose pour son numéro de février 2015 un long dossier sur la littérature suisse. S’y trouvent entre autres, les écrivains Roland Buri, Pierre Lepori, Dorothée Elmiger et l’auteur de Faut quitter Schummertal ! Pedro Lenz. Quant à l’édition suisse, elle est mise en avant avec un entretien de Caroline Coutau des Editions Zoé.
Le sommaire plus détaillé ici
La revue est disponible dans notre espace presse
20 janvier 2015
Une expérience fondamentale
À l’occasion de l’exposition des œuvres picturales d’Henri Michaux à partir du 21 février 2015 au sein de la Fondation Jan Michalski, la bibliothèque poursuit son petit cycle autour du poète belge. Après Ecuador et Un Barbare en Asie, c’est vers un ailleurs qui n’est pas géographique que nous conduit cette fois Henri Michaux.
« Ce que j’y ai vu, même risible, compte encore, m’est plus réel et inoubliable que tous les pays que j’ai parcourus. »
Henri Michaux
Jean-Baptiste Corot, Orphée ramenant Eurydice des enfers
Ce n’est pas pour l’un des paradis artificiels qu’un matin de janvier 1955 Henri Michaux embarque, en compagnie de Jean Paulhan et Édith Boissonnas, sur la plage d’envol de son appartement de la rue Séguier : (suite…)
24 décembre 2014
La porte étroite
Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser.
(Si 3,18)
© Gilles Delmas, Jérusalem & l’air, Paris : Geuthner, 2004
Il y avait à l’époque romaine, lit-on, une porte de la ville de Jérusalem si étroite que les chameaux devaient être délestés de tout leur paquetage et si basse qu’ils ne pouvaient la franchir sans mettre genou à terre. Elle se serait nommée la Porte de l’aiguille et aurait inspiré au Christ la parole : « Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille… » (Mc 10,25). C’est pourquoi comme le roi David en son temps, c’est pauvre et monté sur un âne que lui-même y entrera.
Classé dans: 2.10 Littérature française