6 décembre 2018
Les jeudis en résidence #4 : Violaine Bérot
© Richard Kalvar, Cirque de Gavarnie, 1999
« Écrire, ce n’est pas raconter des histoires. Écrire, c’est chercher comment raconter ces histoires. À partir de presque rien – les mots, la ponctuation –, il s’agit de travailler la langue jusqu’à ce que la forme dise le fond. Il n’y a alors plus aucune limite, plus aucun tabou : l’écriture peut tout faire entendre. »
Classé dans: 2.10 Littérature française
1 novembre 2018
Les jeudis en résidence #3 : Laurent Perez
Bernard Dufour, Le bandeau, 2015
Comment peut-on être Gobineau ? Pourquoi un écrivain voyageur, l’un des esprits les moins xénophobes de son temps, a-t-il consacré une partie de sa vie à l’élaboration de théories racistes ? Et pourquoi sa renommée posthume a-t-elle si souvent préféré ses plus mauvaises œuvres ? Le travail de Laurent Perez consiste à recueillir des matériaux documentaires qu’il assemble de façon kaléidoscopique afin de répondre à ces questions. Ses récits sont autant de plongées dans les mécanismes de l’erreur, de l’illusion, du préjugé, de l’aveuglement.
Classé dans: 2.10 Littérature française
4 octobre 2018
Les jeudis en résidence #2 : Sika Fakambi
Pour ce second Jeudi en résidence, Sika Fakambi revient sur sa traduction en français d’un roman de Zora Neale Hurston (1891-1960) publié en septembre dernier aux éditions Zulma, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu. Donnant à entendre des extraits de sa traduction ainsi que le texte original anglais lu par deux autres résidentes, Eliza Robertson et Miriam Greenberg, Sika Fakambi dessine un portait vivant de cette auteure américaine. Pionnière flamboyante et iconoclaste, adulée de ses lecteurs, revendiquée aussi bien par Maya Angelou, Zadie Smith ou Paul Beatty, elle est, selon Toni Morrison, «l’un des plus grands écrivains de notre époque».
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
6 septembre 2018
Les jeudis en résidence #1 : Iosi Havilio
Pour ce premier Jeudi en résidence, l’auteur argentin Iosi Havilio revient sur son parcours d’écrivain d’une manière amusée et amusante. Il termine son intervention par une lecture en espagnol d’un texte inédit.
Classé dans: 4.80 Littérature argentine
11 juillet 2018
Svetlana Alexievitch
par Emmanuel Adely
Additions de voix d’hommes et de femmes et de femmes surtout, les livres de Svetlana Alexievitch sont des recueils de paroles simples c’est-à-dire de paroles de gens simples qu’elle nous fait entendre au plus près de leur bouche, de leur présence physique, très exactement là, en face. Et ça, déjà ça cela est énorme, être dans ce face-à-face immédiat et écouter l’autre, écouter le témoin des choses, l’entendre en le lisant. Peut-être c’est cela d’ailleurs qui aussitôt stupéfie, cette écriture qui fait entendre la peau de l’autre. Son souffle. L’homme et la femme au milieu de. Lisant Alexievitch, j’entends l’autre, je vis l’autre, je le suis. L’écriture d’Alexievitch est charnelle, absolument incarnée, en elle-même elle est un corps et elle est tous les corps.
Qui traversent la Seconde Guerre mondiale côté soviétique (La guerre n’a pas un visage de femme), ou l’après Tchernobyl (La Supplication), ou la chute du communisme en ex-URSS (La Fin de l’homme rouge), et nous entraînent après eux et avec eux. Dans ce tragique au quotidien, dans la simplicité de l’événement vécu.
Alexievitch fait simplement parler l’humain et ainsi nous place à la place. De. L’autre que je pourrais être aujourd’hui après un accident nucléaire, hier pendant la guerre, moi dispersé en une infinité de voix possibles. Qui parlent, déversent ce flot de mots jamais dits, ou jamais dits ainsi. Dans la confiance de l’écoute la parole surgit, renversante. Tout ce matériau-là, magistralement agencé, est donné ainsi, sans recul apparent, jusqu’à créer une polyphonie proche, à l’évidence, du chœur antique et classique, mais un choeur contemporain, pris dans la tragédie de l’histoire. De l’oralité de cette foule vivante, Alexievitch fait œuvre gigantesque, un instantané de notre présence au monde, et atteint ainsi à notre universel, celui de la condition humaine. C’est incontournable.
Classé dans: 1.10 Littérature russe
5 juillet 2018
Thanassis Valtinos
par Emmanuel Adely
Thanassis Valtinos est un des plus grands écrivains contemporains mais à peu près inconnu en France je ne sais pas pourquoi, comment on se prive d’une œuvre remarquable et dense, largement disponible en français, une œuvre stylistiquement et thématiquement unique qui touche à l’essentiel c’est-à-dire avant tout à l’humain, et uniquement à l’humain. Et ce quel que soit le sujet, le motif abordé.
Classé dans: 3.35 Littérature grecque
16 juin 2018
Holocauste de Charles Reznikoff
par Emmanuel Adely
S’il y avait un seul livre à lire sur l’holocauste, ce serait celui-là ; s’il y en avait deux, il faudrait lui ajouter L’espèce humaine de Robert Antelme ; s’il y en avait trois, Eichmann à Jérusalem d’Hannah Arendt serait ce troisième. Mais admettons qu’il n’y en ait qu’un : ce serait celui-là.
Il y a quelque chose d’évidemment et d’immédiatement obscène à dire qu’il s’agit là d’un livre magnifique, et pourtant il s’agit là d’un livre magnifique, ou grandiose, ou majeur, ou essentiel, ou le tout : d’une écriture qui ne serait que l’ossature de l’écriture, sans aucun ajout sentimentaliste ; dans une langue « pauvre » c’est-à-dire retenue et apparemment purement factuelle ; avec un souffle qui serait celui de la respiration hachée, à bout, de ceux qui ont subi. Se limitant à la seule recension de faits issus de procès-verbaux, écrivant au plus près du geste, simplement des gestes des victimes et des bourreaux, les coups, les chutes, Reznikoff déversifie la geste de ce qui n’a pas d’autre nom que l’enfer. Un monument.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
31 mai 2018
Liberate me for New Year’s Eve
Au terme de sa résidence d’écriture à Montricher, Theo Hakola nous a fait le plaisir de donner en solo un concert dans l’auditorium. Voici la seconde chanson du set Liberate me for New Year’s Eve :
Classé dans: 8.20 Littérature américaine, VARIA
5 avril 2018
Histoire d’une dévoration
par Alban Lefranc
« J’avais, tout simplement et sans en avoir conscience, fait de l’imaginaire de Döblin ma propre vie. » Rainer Werner Fassbinder n’a pas seulement adapté pour la télévision le roman monstre d’Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz, paru en 1929, à travers une série de quatorze épisodes. Entre lui et ce livre qui, adolescent, « l’empêche de crever », il y a bien plus qu’un dialogue ou le choix calme et réfléchi de certains thèmes ou principes esthétiques : l’amour comme l’instrument le plus efficace de l’oppression sociale, l’élévation dans le mythe de personnages en apparence insignifiants, le goût du mélodrame, etc. Dans presque tous ses films, le cinéaste tord le roman à travers ses obsessions propres, le déplace, le réinvente, mais le roman résiste et le tord en retour.
L’écrivain Alban Lefranc, actuellement en résidence, décrit pour nous quelques moments de cet étrange corps à corps entre un livre et un cinéaste.
Classé dans: 7.10 Littérature allemande