26 août 2015
Le devisement de l’Ouest
Il y a un peu de Marco Polo dans ce qui se dégage des différentes virées que dessinent Sur la route (1957) de Jack Kerouac ; le même étonnement et le grand Oui à tout, à la géographie, à toutes les aventures, à tous les Autres. Au-delà de son statut de livre étendard de la beat generation - ce qui a plutôt tendance à le desservir – Sur la route est un remarquable texte plein de poésie et de musicalité.
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Classé dans: 8.20 Littérature américaine
1 juillet 2015
Des arbres à abattre
©Laëtitia Donval, En surface
Publié une première fois en 1975 par L’Âge d’homme puis réédité en 2003 par les éditions Héros-Limite, La Scierie est toujours resté, le temps passant, un récit anonyme. Certes, nous ne savons toujours pas qui a écrit La Scierie mais peu importe; ce texte fulgurant se suffit à lui-même et on sent bien que l’auteur y a tout mis et qu’il n’écrira plus jamais (ce qui est déjà remarquable…). C’est un cri de rage, moins contre la société ou le monde du travail (l’auteur n’a aucune illusion, ni sur les ouvriers, ni sur les patrons) que contre lui-même. Et sa manière d’être contre soi passera en éprouvant son corps jusqu’à ses dernières limites.
Dans les années cinquante, un jeune élève échoue à son baccalauréat. Dépité, il attend son ordre de départ pour la conscription en travaillant dans trois scieries différentes – en crescendo dans la dureté. Nous sommes loin d’une lutte sociale que l’on pourrait attendre d’un récit de cette époque ; le protagoniste s’acquittera de ses besognes dans la souffrance et racontera son ressenti avec brutalité. C’est un corps seul et égoïste qui parle sans tricherie. Le récit est remarquablement bien écrit, dans une langue presque orale où cette forme se marie parfaitement aux nécessités du récit. La préface est de Pierre Gripari. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
24 juin 2015
À voix nue avec Olivier Rolin
Olivier Rolin revient sur son parcours politique et littéraire avec une série de cinq émissions diffusées sur France Culture dans le programme A voix nue. Remarquablement mené par Mathias Enard, cet entretien de 150 minutes offre un portrait fort de l’écrivain français. La cinquième émission est spécifiquement consacrée à la Russie et à son dernier livre, Le Météorologue. Ouvrage qu’Olivier Rolin est venu présenter lors de la journée Solovki le 31 mai dernier à la Fondation. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
15 juin 2015
Heureux qui comme Ulysse…
Thierry de Cordier, Mer montée, 2011
Un peu de houle et d’océans agités pour cette période estivale. La récente lecture du Bateau-usine de Kobayashi Takiji, témoignage des années vingt sur les conditions de vie des pêcheurs de crabes au large du Kamtchatka nous donne l’occasion de revenir sur quatre autres grands textes autour de cette thématique marine : Ultramarine de Malcolm Lowry, Le Quart de Nikos Kavvadias, Les tribulations de Maqroll le Gabier d’Alvaro Mutis et enfin Le Bateau-fantôme de Traven. (suite…)
3 juin 2015
Surface clairière profonde
Annabelle Amoros,Ban de la roche, 2012
L’équipe de la bibliothèque est en train de constituer un fonds qui mettra en dialogue la photographie à la littérature. Cette collection sera mise à la disposition du public dès l’automne 2015, inaugurant ainsi une partie du quatrième étage. Parmi les acquisitions, des livres rares, modernes ou encore originaux. Originale l’est cette collection invisible pull éditée par l’Asphodèle /espace pour l’art à Arles qui a pour leitmotiv de faire rencontrer un auteur et un artiste. Parmi ceux-ci, ce petit livre Surface clairière profonde avec une rencontre de la photographe Annabelle Amoros et l’écrivain Jean-Christophe Bailly. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française, VARIA
29 mai 2015
Droit dans le ciel
20 mai 2015
Hyperboréales
Et maintenant, même si je suis loin de vous, je suis avec vous, toujours.
Pavel Florenski
P. Florenski, Ciel de Solovki, Lettre n°63 du 31.V.1936 (suite…)
Classé dans: 1.10 Littérature russe
8 mai 2015
Couldn’t put Humpty together again
© William Eggleston. Untitled, Memphis,1970
« Tu n’auras à piéger personne ; la vérité suffit toujours. Je suis allé au catéchisme presbytérien et j’ai retenu ceci : l’homme est conçu dans le péché et naît dans la corruption ; il passe de la puanteur des couches à la puanteur du suaire – il y a toujours quelque chose d’enfoui. ». C’est la sentence que lance le gouverneur Willie Stark à son conseiller personnel Jack Burden – trop récalcitrant à aller fouiller dans le passé réputé sans faille du juge Irwin. Pour monter la trame de son roman Les Fous du roi, Robert Penn Warren (1905-1989) s’est inspiré de l’épopée du gouverneur puis sénateur populiste de Louisiane Huey Long. (suite…)
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
26 mars 2015
Un cinéma en vers libre
« Qu’aimeriez-vous le plus faire, connaître, être au cas où vous ne seriez pas satisfait ? »
En ce moment même, je suis impliquée dans le cinéma. Nous avons presque terminé un court drame à tendance lyrique de quatre bobines, réalisé dans ce village-ci et dans les environs avec quelques personnes du cru et des amis anglais. Le travail m’a enchantée, je ne me suis jamais tant amusée et j’ai appris moi-même à utiliser le petit projecteur ; j’ai ainsi passé littéralement des heures seules dans mon appartement à faire défiler des montagnes, les rues du village et mes propres connaissances à travers la lumière, la lumière et la lumière. (suite…)
Classé dans: 8.20 Littérature américaine, VARIA
17 mars 2015
La mort au loin : Zurich (18 octobre 1836-19 février 1837)
Fréderic Metz, Büchner biographie générale, tome central : Le scalpel, le sang, Nantes, Pontcerq, 2012
Après la publication de son brûlot clandestin Le Messager hessois en 1834, Georg Büchner se retrouve sous le coup d’un mandat d’arrêt du gouvernement de la Haute-Hesse. Il se refugie dans un premier temps à Strasbourg – ville qu’il connaît bien grâce à ses années d’études – puis dans un second à Zurich après avoir été nommé comme enseignant libre à l’Université de la ville.
Il s’y installe en octobre 1834 au numéro 12 de la Spiegelgasse. Il a alors 23 ans et durant son dernier hiver, il met la patte à sa dernière grande pièce qui restera inachevée Woyzeck. En effet au mois de février, il contracte le typhus et meurt le 19 février 1837. Büchner repose sur les hauteurs de Zurich près du théâtre Rigiblick. (suite…)
Classé dans: 7.10 Littérature allemande