3 juin 2015
Surface clairière profonde
Annabelle Amoros,Ban de la roche, 2012
L’équipe de la bibliothèque est en train de constituer un fonds qui mettra en dialogue la photographie à la littérature. Cette collection sera mise à la disposition du public dès l’automne 2015, inaugurant ainsi une partie du quatrième étage. Parmi les acquisitions, des livres rares, modernes ou encore originaux. Originale l’est cette collection invisible pull éditée par l’Asphodèle /espace pour l’art à Arles qui a pour leitmotiv de faire rencontrer un auteur et un artiste. Parmi ceux-ci, ce petit livre Surface clairière profonde avec une rencontre de la photographe Annabelle Amoros et l’écrivain Jean-Christophe Bailly. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française, VARIA
11 mars 2015
L’esprit à sec et la tête ivre
Tristan Corbière, Album Louis Noir, feuillet 15 (détail)
À mon cotre LE NÉGRIER
vendu sur l’air de « Adieu, mon beau navire ! »
Allons file, mon cotre ! Adieu mon Négrier. Va file aux mains d’un autre Qui pourra te noyer… (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française, VARIA
20 janvier 2015
Une expérience fondamentale
À l’occasion de l’exposition des œuvres picturales d’Henri Michaux à partir du 21 février 2015 au sein de la Fondation Jan Michalski, la bibliothèque poursuit son petit cycle autour du poète belge. Après Ecuador et Un Barbare en Asie, c’est vers un ailleurs qui n’est pas géographique que nous conduit cette fois Henri Michaux.
« Ce que j’y ai vu, même risible, compte encore, m’est plus réel et inoubliable que tous les pays que j’ai parcourus. »
Henri Michaux
Jean-Baptiste Corot, Orphée ramenant Eurydice des enfers
Ce n’est pas pour l’un des paradis artificiels qu’un matin de janvier 1955 Henri Michaux embarque, en compagnie de Jean Paulhan et Édith Boissonnas, sur la plage d’envol de son appartement de la rue Séguier : (suite…)
24 décembre 2014
La porte étroite
Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser.
(Si 3,18)
© Gilles Delmas, Jérusalem & l’air, Paris : Geuthner, 2004
Il y avait à l’époque romaine, lit-on, une porte de la ville de Jérusalem si étroite que les chameaux devaient être délestés de tout leur paquetage et si basse qu’ils ne pouvaient la franchir sans mettre genou à terre. Elle se serait nommée la Porte de l’aiguille et aurait inspiré au Christ la parole : « Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille… » (Mc 10,25). C’est pourquoi comme le roi David en son temps, c’est pauvre et monté sur un âne que lui-même y entrera.
Classé dans: 2.10 Littérature française
19 novembre 2014
Ex oriente lux : un barbare en Asie
À l’occasion de l’exposition des œuvres picturales d’Henri Michaux en février 2015 au sein de la Fondation Jan Michalski, la bibliothèque vous propose ces mois-ci une série d’articles sur le poète belge.
© Harry Gruyaert, Calcutta, 2001/Magnum Photos
Au revers qui paraît l’endroit, au cœur d’une prise sans emprise, au long des heures, à l’orée de l’infiniment prolongé de l’espace et du temps, attrape-dehors, attrape-dedans, attrape-nigaud, dis, qu’est-ce que tu fais? Qu’est-ce que tu es, nuit sombre au-dedans d’une pierre?
Les hommes, tu ne les as jamais pénétrés. Tu ne les as pas non plus véritablement observés, ni non plus aimés ou détestés à fond. Tu les as feuilletés. Accepte donc que par eux semblablement feuilleté, toi aussi tu ne sois que feuillets, quelques feuillets.
Il faut un obstacle nouveau pour un savoir nouveau. Veille périodiquement à te susciter des obstacles, obstacles pour lesquels tu vas devoir trouver une parade… et une nouvelle intelligence.
Ce pourrait être les mots d’un poète taoïste mais ce sont ceux d’Henri Michaux à l’heure des bilans dans le recueil quasi-mystique d’apophtegmes Poteaux d’angle. Que ce soit à travers ses dessins ou sa prose et ceci tout au long de sa vie, l’Asie aura été l’espace géographique qui aura le plus profondément marqué et influencé l’œuvre d’Henri Michaux. (suite…)
9 septembre 2014
Le rêve de l’autre
© Werner Bischof, Mexico City. House of Mexican artist Frida KAHLO. Portraits of Diego RIVERA and Mao ZEDONG. 1954.
Telle une circonvolution de la roue Ferris dans Au-dessous du Volcan, le Mexique (et l’Amérique du Sud) revient à nous cet automne avec Viva un « récit sans fiction » de Patrick Deville et Europe-Amérique latine, les écrivains vagabonds de Philippe Ollé-Laprune. (suite…)
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5 septembre 2014
Le reste est littérature
Nous parlons toujours de la guerre, qui est la grande mesure du courage ; j’entends la grande mesure temporelle, peut-être la seule, mais ni vous ni moi ne l’avons jamais faite.
Charles Péguy, Victor-Marie, comte Hugo
Je ne puis plus rien lire après Péguy. Tout le reste est littérature.
Romain Rolland, Péguy
© Otto Dix, Der Krieg, peinture sur bois (1929-1932)
Le 5 septembre 1914, Charles Péguy tombe à Villeroy au cours d’un des premiers assauts de la Bataille de la Marne qui marque la fin de l’avancée des troupes allemandes (à vingt kilomètres de Paris) après les deux semaines de « Grande retraite » des unités françaises et britanniques. (suite…)
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3 juillet 2014
Être bête
©Albert Gusi, Intrusos
Bien camouflé derrière Montesquieu, Diderot, Voltaire ou encore Rousseau, Georges-Louis Leclerc Buffon (1707-1788) est un autre grand penseur des Lumières. Boulimique de travail, il passa sa longue vie à écrire son Histoire naturelle. Cette dernière se compose de trente-six volumes, les textes sont d’une incroyable qualité d’écriture. De l’infime à l’immensément grand, celui qui restera jusqu’à ses derniers jours « frais comme un enfant » passe tout le vivant en revue : des mers aux montagnes, des coquillages aux bêtes. (suite…)
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13 mai 2014
Voix de ceux qui n’en ont pas
Il y a des choses dont il est impossible de parler. On ne peut les évoquer qu’en peignant. Et encore, à dire vrai, même cela n’est pas possible. (Jacek Dehnel)
C’était une chienne, elle s’appelait Vanda, pas avec un w, un v simple, d’animal errant qu’elle était. (Antonio Tabucchi)
La compassion absolue est le seul réel dans un univers où tout est illusoire sauf la douleur. (Yves Bonnefoy)
Francisco de Goya, Le Chien, 1820-1823.
Entre 1820 et 1823, Francisco de Goya peint a secco sur les murs de sa maison de campagne au nom prédestiné, la Quinta del Sordo (« Maison du Sourd »), la série de ses quatorze Peintures noires (suite…)