8 mars 2021
Jeudi en résidence, avec Ariel Dilon
Luis Scafati, Babel
Le traducteur et écrivain Ariel Dilon, en résidence à la Fondation Jan Michalski, revient sur ses deux plus récentes traductions en espagnol d’Argentine, Zazie dans le métro de Raymond Queneau et 1984 de George Orwell, en détaillant les choix de langage qu’il a dû faire, entre délices et tourmentes. Si ce travail de traducteur se poursuit actuellement avec l’écrivain américain Stephen Dixon (1936-2019) dont il nous situe l’oeuvre, il sera aussi évoqué lors de cette rencontre le roman auquel il a mis un point final au début de son séjour. L’occasion d’aborder la concurrence parfois inégale – chez la même personne – de ces deux formes d’écriture que sont la création et la traduction.
7 mars 2019
Les jeudis en résidence #5 : Sylvain Maestraggi
Joseph Mallord William Turner, A View in the Lake District : Coniston Water, 1797–1798
Autour de la promenade et du paysage
Le goût moderne du paysage, associé à celui de la promenade, s’est développé vers la fin du XVIIIe siècle. Sylvain Maestraggi présente sa traduction du Journal d’un voyage dans la région des lacs. Ce récit de voyage, composé en 1769 par le poète anglais Thomas Gray, offre un point d’entrée dans une archéologie de la promenade.
Classé dans: 8.10 Littérature anglaise
2 mars 2019
Their Eyes Were Watching God
par Sika Fakambi
« Donc au commencement il y avait une femme et cette femme revenait d’enterrer les morts. Pas les morts malades et agonisants entourés d’amis à leur chevet et leurs pieds. Elle revenait des boursouflés et des détrempés ; les morts soudains, aux yeux grands ouverts, rendant jugement.
Tous la virent revenir car c’était au soleil descendu. Le soleil s’en était allé, mais il avait laissé dans le ciel l’empreinte de ses pas. C’était le moment de s’asseoir sur les vérandas au bord de la route. C’était le moment d’écouter ce qui vient et de parler. Ces assis-là avaient sans yeux, sans oreilles et sans langue servi d’outil tout le long du jour. Mules et autres bestiaux avaient occupé leur peau. Mais le soleil et le boss-man s’en étaient allés, et maintenant ces peaux se sentaient humaines et puissantes. Devenaient seigneurs des sons et des moindres choses. Faisaient passer des nations entières par leur bouche. Assis, rendant jugement. »
Zora Neale Hurston, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu
un roman américain traduit par Sika Fakambi, Zulma, 2018
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
4 octobre 2018
Les jeudis en résidence #2 : Sika Fakambi
Pour ce second Jeudi en résidence, Sika Fakambi revient sur sa traduction en français d’un roman de Zora Neale Hurston (1891-1960) publié en septembre dernier aux éditions Zulma, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu. Donnant à entendre des extraits de sa traduction ainsi que le texte original anglais lu par deux autres résidentes, Eliza Robertson et Miriam Greenberg, Sika Fakambi dessine un portait vivant de cette auteure américaine. Pionnière flamboyante et iconoclaste, adulée de ses lecteurs, revendiquée aussi bien par Maya Angelou, Zadie Smith ou Paul Beatty, elle est, selon Toni Morrison, «l’un des plus grands écrivains de notre époque».
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
16 juin 2018
Holocauste de Charles Reznikoff
par Emmanuel Adely
S’il y avait un seul livre à lire sur l’holocauste, ce serait celui-là ; s’il y en avait deux, il faudrait lui ajouter L’espèce humaine de Robert Antelme ; s’il y en avait trois, Eichmann à Jérusalem d’Hannah Arendt serait ce troisième. Mais admettons qu’il n’y en ait qu’un : ce serait celui-là.
Il y a quelque chose d’évidemment et d’immédiatement obscène à dire qu’il s’agit là d’un livre magnifique, et pourtant il s’agit là d’un livre magnifique, ou grandiose, ou majeur, ou essentiel, ou le tout : d’une écriture qui ne serait que l’ossature de l’écriture, sans aucun ajout sentimentaliste ; dans une langue « pauvre » c’est-à-dire retenue et apparemment purement factuelle ; avec un souffle qui serait celui de la respiration hachée, à bout, de ceux qui ont subi. Se limitant à la seule recension de faits issus de procès-verbaux, écrivant au plus près du geste, simplement des gestes des victimes et des bourreaux, les coups, les chutes, Reznikoff déversifie la geste de ce qui n’a pas d’autre nom que l’enfer. Un monument.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
31 mai 2018
Liberate me for New Year’s Eve
Au terme de sa résidence d’écriture à Montricher, Theo Hakola nous a fait le plaisir de donner en solo un concert dans l’auditorium. Voici la seconde chanson du set Liberate me for New Year’s Eve :
Classé dans: 8.20 Littérature américaine, VARIA
27 février 2018
Beckett et les concombres
Né en 1986, Matías Battistón est un traducteur littéraire argentin. Au cours des cinq dernières années, il a signé la traduction en espagnol de plus de trente ouvrages d’auteurs tels que Marcel Proust, James Joyce, Oscar Wilde, John Cage, Édouard Levé ou encore Samuel Beckett.
C’est sur ce dernier qu’il a choisi d’intervenir ce mardi, nous offrant une conférence presque borgésienne sur l’expérience vertigineuse de traduire l’auteur de L’innommable.
Classé dans: 8.11 Littérature irlandaise
20 juin 2017
Des écrivains en liberté
Par Jean-Luc Bertini
Le photographe Jean-Luc Bertini était de retour à la Fondation Jan Michalski ce 20 juin. Ses photographies prises lors de l’enquête menée aux côtés d’Olivier Rolin sur les îles Solovki avaient déjà fait l’objet d’une exposition à la bibliothèque en 2015. Jean-Luc Bertini a récemment achevé un projet au long cours sur l’Amérique et ses écrivains. Le livre, intitulé Amérique des écrivains en liberté et publié l’année dernière aux éditions Albin Michel avec les textes d’Alexandre Thiltges, est la somme des voyages que les deux amis ont effectués ensemble aux Etats-Unis depuis 2007 : plus de 40’000 km parcourus, à la rencontre des écrivains du continent. La projection de ses photographies à la Fondation a été l’occasion pour Jean-Luc Bertini d’évoquer ce soir-là quelques-unes de ces rencontres et de partager avec nous sa passion pour la littérature américaine.
Morceaux choisis.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
4 mai 2017
Des traductions dans le rétro
Par Philippe Garnier
Pour le deuxième « Cours de littérature » du cycle américain, l’écrivain, traducteur et journaliste Philippe Garnier est intervenu à la Fondation Michalski ce jeudi 4 mai.
Né en 1949 au Havre, où il a été disquaire et parallèlement chroniqueur pour le magazine Rock & Folk, Philippe Garnier s’installe en 1975 aux Etats-Unis : San Francisco d’abord, puis Los Angeles où il poursuit son activité journalistique en proposant de singuliers reportages sur la culture populaire américaine, repris en 2011 dans le recueil L’oreille d’un sourd. Son intérêt pour la littérature américaine et ses écrivains se manifeste aussi dans ce très beau recueil sur les marges, Maquis : aperçu d’un autre paysage américain (1993). Le cinéma est un autre domaine de prédilection de Philippe Garnier, comme en témoigne le livre Honni soit Malibu où il explore les coulisses de Hollywood de 1933 à 1945, à la poursuite des écrivains qui font le quotidien de Sunset Boulevard. En parallèle, il défriche et fait découvrir au public francophone à travers ses singulières traductions de nombreux auteurs – aujourd’hui devenus cultes – comme Charles Bukowski, John Fante, James Ross, James Slater et bien d’autres.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
20 avril 2017
L’épopée entravée de la poésie américaine
Par Yves Di Manno
Le jeudi 20 avril 2017, un nouveau « Cours de littérature en six heures un quart » s’ouvrait avec l’intervention d’Yves Di Manno sur la poésie américaine.
Né en 1954, Yves Di Manno a publié une vingtaine de recueils de poèmes dont, pour ne citer que le dernier, Champs, un-livre-de-poèmes (reprise, chez Flammarion, de deux volumes parus en 1984 et 1987) ainsi que des essais parmi lesquels «Endquote», digressions (chez Flammarion), Objets d’Amérique ou encore Terre ni ciel (chez José Corti). Tout récemment, il a fait paraître avec Isabelle Garron une monumentale anthologie de poésie française qui met bien en perspective les différents courants de ces dernières décennies. Depuis 1994, Yves di Manno dirige la collection Poésie/Flammarion. Il est aussi un grand traducteur de poésie américaine (Ezra Pound, William Carlos Williams, Jerome Rothenberg ou encore George Oppen) et c’est par le biais de ces différents poètes que la soirée a trouvé son fil rouge.
D’une durée d’une heure un quart, cette rencontre était modérée par Eric Giraud, ancien bibliothécaire du cipM et grand passionné de poésie américaine.
Eric Giraud ouvre la soirée en brossant une histoire de la poésie américaine moderne, avant de revenir plus spécifiquement sur certaines figures chères à Yves Di Manno.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine