10 décembre 2015
Les murs noircissent
© Corentin Parent, inspiré de l’œuvre poétique Slogans !
Etrange rencontre à Macau dans les années quatre-vingt dix entre l’écrivain français Antoine Volodine et une poétesse russe anarchiste. Rencontre qui plus tard constituera la trame cachée du roman Le port intérieur d’Antoine Volodine et sauvera de l’oubli Slogans, l’œuvre poétique de Maria Soudaïeva…
8 décembre 2015
Les poings sur les i
Paul Valet, in : Matière grise, Paris, GLM, 1953
« On me demande mon état-civil : or, je n’ai aucune confiance en lui. Est-il vrai ? Est-il faux ? Je n’en sais rien.
Classé dans: 2.10 Littérature française, VARIA
3 novembre 2015
Une femme est passée sans rien dire, m’a regardé, et je ne suis pas allé plus avant
Image extraite de Lenz élégie de Christophe Bisson (2015)
Le cinéaste Werner Herzog a toujours été fasciné par les personnages à la marge qui forcent – avec grandeur ou tout en déchéance – leur destin. Ses deux films les plus célèbres Fitzcarraldo et Aguirre, la colère de Dieu en sont les meilleures illustrations. Aussi était-il normal qu’un personnage tel que Woyzeck ait attiré l’attention du réalisateur allemand pour se l’accaparer. En effet, la pièce Woyzeck – qui reste à l’état fragmentaire – écrite en 1837 par Georg Büchner raconte les humiliations sans fin du jeune soldat Woyzeck. Ce dernier basculera peu à peu dans la folie et commettra le meurtre de sa femme Marie. Werner Herzog choisira son acteur fétiche Klaus Kinski pour camper le soldat brimé dans son adaptation cinématographique de 1979. Première scène de la pièce de Büchner :
Classé dans: 7.10 Littérature allemande
21 octobre 2015
Lenz aux éditions Grèges
Une série d’articles autour de Lenz à l’occasion de l’exposition Waldersbach de Sylvain Maestraggi à partir du 20 janvier 2016 à la bibliothèque.
©Alex Webb, Lorraine
Avant qu’il ne devienne le personnage principal de la nouvelle Lenz que Georg Büchner écrivit dans les dernières années de sa vie, le dramaturge et poète de langue allemande Jakob Michael Reinhold Lenz était plongé dans un relatif oubli après sa mort à Moscou en 1792.
En 1778, Jakob Lenz est chassé de Weimar par Goethe en raison de son comportement déplacé à la Cour. Il se réfugie alors chez le célèbre physionomiste Gaspard Lavater en Suisse. C’est ce dernier qui lui suggère d’aller se faire soigner de ses troubles psychiques auprès du pasteur Oberlin, esprit éclairé vivant à Waldersbach. Lenz se rend à pied chez le pasteur et séjournera près de trois semaines dans ce petit village au cœur des Vosges alsaciennes. Quelques décennies plus tard en 1835, Büchner s’inspirera du journal laissé par le religieux alsacien sur ce séjour pour composer sa nouvelle. Lenz marque une rupture dans l’histoire de la littérature, par sa fulgurance de style et ses thématiques qui ne cesseront d’être reprises durant les siècles suivants. (suite…)
Classé dans: 7.10 Littérature allemande
20 octobre 2015
Le révolté de Téhéran
« Né sur la pointe d’une lance sombre » à Téhéran en 1925, le poète Ahmad Shamlou s’affiche clairement dans la lignée d’une nouvelle écriture poétique impulsée au début des années vingt par Nima Youshidj (1897-1956). Cette nouvelle poésie révolutionnait le genre avec une déconstruction délibérée des formes traditionnelles et millénaires de la poésie persane. Shamlou a su – comme Youshidj – trouver un langage et une forme bien à lui qui sachent aborder les défis que l’Histoire impose à l’homme.
Classé dans: 3.15 Littérature iranienne
16 octobre 2015
Nous vous attendions
Hassan Massoudy, Le chemin d’un calligraphe, Paris, Phébus, 1991
Tant de poètes arabes restent méconnus en Occident faute de traducteurs et d’éditeurs pour diffuser leurs œuvres. Saluons donc la parution récente de quelques ouvrages qui viennent combler ce manque, car l’on entend souvent parler du monde arabe de nos jours – mais peu de ce qui a fait et continue de faire sa grandeur et sa plus essentielle richesse. La place qu’y occupe la poésie depuis l’âge classique est telle pourtant que l’omettre reviendrait à vider l’arbre de sa sève. Il est difficile pour nous d’imaginer qu’une nation puisse encore trouver sa subsistance dans les paroles du poète et que certains vers puissent encore soulever les foules, brûlant sur les lèvres de toutes les générations. Dans un très beau texte devenu récemment (bien que partiellement) accessible en français [1], le poète syrien Nizar Qabbani (1923-1998) écrit :
Classé dans: 3.27 Littérature arabe
29 septembre 2015
La respiration de l’homme qui écrit
Toujours accoutré d’un gros magnétophone à bande qu’il « tripotait avec autant d’entrain que le corps d’une femme », le poète Paul Blackburn (1926-1971) enregistrait tout ce qu’il croisait pendant ses errances new-yorkaises : les performances, des lectures des autres, les siennes. Paul Blackburn fut l’astre-poète new-yorkais des années soixante. Proche de Robert Creeley et de l’expérience du Black Mountain College, Paul Blackburn a construit sa poésie comme on « raconte sa vie, c’est tout, et rien d’autre ». Ce qu’il fit par exemple dans le Narcisse de New-York, la traduction du poème ouvrant son recueil : The cities - seul livre traduit en français de son vivant.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
24 septembre 2015
Vertiges de la lenteur
Pour fêter ses vingt ans, la revue La Femelle du Requin a décidé de réunir vingt des grands entretiens qui ont fait sa singularité dans Vertiges de la lenteur. Soigneusement édité par les éditions du Tripode, nous y retrouverons Abriela Adamesteanu, Russell Banks, John Banville, John Burnside, Patrick Chamoiseau, Lídia Jorge, Georges-Arthur Goldschmidt, Claude Louis-Combet, Juan Marsé, François Maspero, Pierre Michon, Richard Morgiève, Antonio Muñoz Molina, Leonardo Padura Fuentes, Olivier Rolin, Jean Rouaud, Jacques Roubaud, Antonio Tabucchi, Enrique Vila-Matas ou encore Antoine Volodine. Les très beaux portraits des écrivains qui accompagnent ces échanges ont été pris par Jean-Luc Bertini, l’un des fondateurs de la revue en 1995. Au printemps dernier, celui-ci était venu présenter au sein de la bibliothèque son travail sur les îles Solovki et sa bibliothèque perdue. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
18 septembre 2015
À qui perd gagne
« Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu’une fois. »
Le Grand Jeu n°1 (1928)
Josef Sima, Portrait de Roger Gilbert-Lecomte
Des profondeurs de la nuit nous fait signe la figure d’un poète assez méconnu – hors de l’histoire des cataclysmes [1] – mais dont l’esprit n’a cessé de brûler sur le chandelier, éclairant tous ceux de la maison. Son œuvre a fait ses derniers temps l’objet de plusieurs rééditions [2], nous rappelant l’urgence qu’il y avait à la redécouvrir. (suite…)
Classé dans: 2.10 Littérature française
2 septembre 2015
Images de Valparaiso
Sergio Larrain, Valparaiso
Si peu à peu le port de Valparaiso a pu perdre de sa superbe suite au percement du canal de Panama, la ville a eu, auparavant, assez de siècles bien à elle pour garder une patine certaine. Une patine faite du soulagement des équipages d’avoir dépassé le terrible Cap Horn, d’une incessante ville-monde goûtant aux marchandises du monde entier et d’écrivains. (suite…)
Classé dans: 4.89 Littérature chilienne, VARIA