17 novembre 2016
Fernando Pessoa : le voyage immobile
Par Patrick Quillier
Où il est question, à partir notamment de sa formule « Je n’évolue pas, je voyage », de tout le dispositif de l’hétéronymie, ce pas de côté cher à Pessoa qu’il effectue pour se voir et sentir autrement en « s’autrifiant ».
Classé dans: 5.10 Littérature portugaise
9 novembre 2016
Berlin, un autre journal
Jacqueline Salmon, Porte du bassin de réparation, 1999
En 2011, le comité de direction de la Fondation Max Frisch s’autorisait à ouvrir un coffre-fort de Bellevue où se trouvaient les derniers écrits de Max Frisch. En effet, l’auteur zurichois avait souhaité que ceux-ci – cinq cahiers en fait – fussent gardés secrets vingt années après sa mort. De ces cinq cahiers, seuls deux d’entre ont été choisis pour une publication. Après l’édition allemande, c’est aujourd’hui au tour de la française – dans une traduction impeccable de Camille Luscher d’être publiée chez l’éditeur genevois Zoé sous le titre Journal berlinois. Les autres cahiers, qui traitent d’une rupture, resteront privés.
20 octobre 2016
La littérature portugaise au temps des Grandes Découvertes (XV-XVIIe siècles)
Par Michel Chandeigne
À l’époque des Découvertes, Portugais et Espagnols repoussent les limites du monde connu aux dimensions de la planète telle que nous la connaissons aujourd’hui. Alors que les Espagnols se cantonnent à l’Amérique centrale, aux Caraïbes et au nord-ouest de l’Amérique du Sud, les Portugais, après avoir reconnu les contours du continent africain au XVe siècle, atteignent Terre-Neuve et le Brésil en 1500, puis se répandent dans toutes les mers d’Asie jusqu’au Japon, abordé en 1543. Accompagnant ce gigantesque mouvement d’expansion, toute une littérature voit le jour pour décrire ces nouveaux mondes et de nouvelles humanités.
Classé dans: 5.10 Littérature portugaise
29 septembre 2016
Programme Automne 2016
27 septembre 2016
Cours de littérature en six heures un quart
« Plus c’est savant, plus c’est bête »
Witold Gombrowicz
Witold et Rita Gombrowicz préparant les cours de philosophie, Vence, 1969 (@ H. Garthe)
Cet automne, la bibliothèque de la Fondation Jan Michalski inaugure ses cycles de conférences baptisés « Cours de littérature en six heures un quart » en référence à Witold Gombrowicz et son fameux Cours de philosophie en six heures un quart. Quelques mois avant sa mort, l’écrivain polonais avait en effet donné chez lui à sa femme et Dominique de Roux une série de leçons dans lesquelles il retraçait brièvement une histoire toute personnelle de la philosophie, récapitulant sa propre pensée à travers celle des grands noms de la philosophie moderne.
Classé dans: 1.30 Littérature polonaise
21 septembre 2016
Prince Johnson
« … ce que chacun de nous cherche
Chez l’autre
C’est l’autre
Les étoiles à midi,Pendant que la lumière adore son dieu aveugle » W. Merwin
Raphaël Dallaporta, Antipersonnel, 2010
Une nouvelle fois, on ressort un peu sonné de la lecture des Monstres qui ricanent, le dernier livre traduit en français de Denis Johnson. Nous serions tentés de dire : comme d’habitude. Cette récurrence d’un monde – notre monde – plongé dans un cauchemar éveillé n’épargne en effet aucun livre de l’écrivain américain, ni aucun des lieux dans lesquels il campe l’action. Que ce soit dans la paix relative de nos démocraties occidentales ou dans des zones plongées dans le chaos des guerres, les protagonistes semblent toujours pris dans des hallalis protéiformes parce qu’ils ne savent plus vraiment qui ils sont, ni pour qui ils travaillent. A l’instar de Roland Nair, le protagoniste des Monstres qui ricanent, on se souviendra, par exemple de la protagoniste Des étoiles à midi, une jeune américaine plongé dans un Nicaragua en pleine guerre civile ; est-elle une prostituée, une employée d’une ONG, une journaliste, tout cela à la fois ?
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
26 août 2016
Deux fois deux
Ça va mal. Il s’est formé une âme en vous.
Evguéni Zamiatine
Antonio Saura, illustration pour 1984 de G. Orwell, Barcelona, Galaxia Gutenberg, Círculo de Lectores, 1998
Sont exposées jusqu’au 25 septembre à la Fondation Jan Michalski une centaine d’œuvres du peintre espagnol Antonio Saura qui entretint toute sa vie des rapports étroits avec la littérature, écrivant lui-même au sujet de sa peinture et illustrant plusieurs monuments littéraires dont le Don Quichotte de Cervantes, le Journal de Kafka et 1984 de George Orwell. En évoquant les illustrations qu’il réalisa pour ce dernier roman, Antonio Saura écrira :
12 août 2016
En attendant Robot
Grotte Chauvet, Panneau des Lions
Depuis que la grotte dite de Chauvet a été découverte en 1994 par trois spéléologues, son art pariétal datée de 31 000 années – ce qui en fait la plus ancienne cave décorée de l’humanité – n’est visible chaque année que par un nombre restreint de personnes. Nous nous souvenons de l’excellent documentaire du cinéaste allemand Werner Herzog, La grotte des rêves perdus sorti sur les écrans en 2010, qui avait pu se rendre brièvement sur les lieux accompagné d’une équipe de tournage réduite.
23 juin 2016
Quito, avant la pluie
Paula Parrini, Barrio
Quelques mois après la publication de Terre trois fois maudite de César Ramiro Vasconez narrant les tourments du poète Alfredo Gangotena sous la forme d’un journal apocryphe, les éditions MEET remettent la littérature équatorienne en avant avec Au sud de l’équateur d’Edwin Madrid ; une littérature peu connue ou reconnue faute peut-être de n’avoir eu un véritable écrivain-éclaireur qui se serait inscrit dans le boom latino-américain des années soixante-dix comme ses voisins péruviens et colombiens. Il en est resté une littérature que l’on taxe un peu rapidement d’indigénisme. Son auteur le plus représentatif internationalement fut Jorge Icaza (1906-1978) et son célèbre Huasipungo (1934). (suite…)
Classé dans: 4.81 Littérature équatorienne
16 juin 2016
Rien n’est fermé jamais : Nezami, Ferdowsi, Khayyam & Attar
© Jeremy Suyker, Zurkhaneh
En 2008, un bien curieux film d’Abbas Kiarostami sortait sur les écrans : Shirin. Le cinéaste iranien filmait une représentation théâtrale du calvaire de Khosrow et Chîrîn tirée d’un poème de Nezami. Or ce n’était pas la scène qui était filmée mais le visage de 108 spectatrices tout au long de l’heure et demi que dure le film. S’offrait alors un beau film-miroir rythmé par la bande-son des vers du poète du XIIème siècle déclamés par les acteurs. Nous pouvions constater à quel point la poésie en Iran n’était pas seulement un printemps mais aussi et surtout quelque chose de beau et de vivant.
Classé dans: 3.15 Littérature iranienne