Journal du journal de La Construction
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Journal du journal de La Construction, par PERRINE LE QUERREC
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Ces heures d’avant l’aube

1

Robert Smithson, 7e déplacement de miroirs dans le Yucatán Mexique, 1969

Guayaquil (Equateur), le 28 août 1991 vers huit heures du soir, l’écrivain américain Moritz Thomsen meurt d’une insuffisance pulmonaire. La nouvelle de sa mort mettra alors plus de trois mois à arriver aux oreilles des journaux littéraires américains comme le San Francisco Chronicle. Paul Theroux écrira « Thomsen est l’un de ces américains doués, inventifs, courageux – l’espèce est rare – dotés d’un solide estomac et d’un sens de l’humour bien noir, qui, quand ils partent, ne sont pas du genre à revenir. Ils ont pris la route et ne la lâchent plus ». L’écrivain-voyageur l’avait lu mais aussi rencontré ; il immortalisera le personnage Thomsen dans un bref et amusant passage de son célèbre Patagonie Express.

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Classé dans: 8.20 Littérature américaine

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Programme Printemps 2017

 

Cycle americain def

Classé dans: 8.20 Littérature américaine

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Moelle et essence

McCord

Wynn Bullock, Erosion, 1959

Pour la énième fois, William Gasper, un quasi ermite entreprend l’ascension de la Lune, un sommet « aussi nu qu’un point-virgule » de la Sierra Nevada. Une marche en solitaire qui devient vite prétexte à la résurgence de souvenirs sur la guerre de Corée, un passé trouble de tueur à gage, une apparition fantasmagorique. Tel une arme, le corps de Gasper est fourbi par les pas alignés et la discipline militaire qu’il s’impose pour arriver au sommet. Rien ne devait le faire dévier de cette ascension si ce n’est l’arrivée d’un poursuivant armé – point de bascule du récit d’Howard McCord L’homme qui marchait sur la lune. Peu à peu, ce jeu du chat et de la souris prend la forme d’un espèce de satori apocalyptique. Tout en épure, glacial, sans espoir sur l’être humain, il rappelle les romans rongé jusqu’à l’os de Cormac McCarthy tel Mériden de sang ou encore celui de William Gaddis, Agonie d’agapè. Comme le protagoniste de L’homme qui marchait sur la lune, Howard McCord partage son temps entre la lecture, le tir et la marche. Plus poète que romancier, son roman est une belle incursion dans cette prose qui comble le blanc que la poésie laisse entre «la moelle et l’essence ».

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Classé dans: 8.20 Littérature américaine

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Nevermore

Manet

Edouard Manet, illustration pour Le Corbeau d’Egar Allan Poe, Paris, Richard Lesclide, 1875

Dans les années 1840, Edgar Allan Poe publie l’un de ses plus célèbres poèmes intitulé The Raven, ballade romantique de dix-huit strophes méthodiquement construite de manière à insuffler, par le jeu des rimes intérieures et des allitérations, une extrême musicalité au poème que traverse le cri obsédant, contagieux du corbeau : Nevermore !

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Classé dans: 2.10 Littérature française, 8.20 Littérature américaine

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Prince Johnson

« … ce que chacun de nous cherche
Chez l’autre
C’est l’autre
Les étoiles à midi,
Pendant que la lumière adore son dieu aveugle »                                                                    W. Merwin

johnson

Raphaël Dallaporta, Antipersonnel, 2010

Une nouvelle fois, on ressort un peu sonné de la lecture des Monstres qui ricanent, le dernier livre traduit en français de Denis Johnson. Nous serions tentés de dire : comme d’habitude. Cette récurrence d’un monde – notre monde – plongé dans un cauchemar éveillé n’épargne en effet aucun livre de l’écrivain américain, ni aucun des lieux dans lesquels il campe l’action. Que ce soit dans la paix relative de nos démocraties occidentales ou dans des zones plongées dans le chaos des guerres, les protagonistes semblent toujours pris dans des hallalis protéiformes parce qu’ils ne savent plus vraiment qui ils sont, ni pour qui ils travaillent. A l’instar de Roland Nair, le protagoniste des Monstres qui ricanent, on se souviendra, par exemple de la protagoniste Des étoiles à midi, une jeune américaine plongé dans un Nicaragua en pleine guerre civile ; est-elle une prostituée, une employée d’une ONG, une journaliste, tout cela à la fois ?

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Classé dans: 8.20 Littérature américaine

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Deux fois deux

Ça va mal. Il s’est formé une âme en vous.
Evguéni Zamiatine

Saura Antonio Saura, illustration pour 1984 de G. Orwell, Barcelona, Galaxia Gutenberg, Círculo de Lectores, 1998

Sont exposées jusqu’au 25 septembre à la Fondation Jan Michalski une centaine d’œuvres du peintre espagnol Antonio Saura qui entretint toute sa vie des rapports étroits avec la littérature, écrivant lui-même au sujet de sa peinture et illustrant plusieurs monuments littéraires dont le Don Quichotte de Cervantes, le Journal de Kafka et 1984 de George Orwell. En évoquant les illustrations qu’il réalisa pour ce dernier roman, Antonio Saura écrira :

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Classé dans: 1.10 Littérature russe, 7.70 Littérature suédoise, 8.10 Littérature anglaise, VARIA

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En attendant Robot

Chauvet

Grotte Chauvet, Panneau des Lions

Depuis que la grotte dite de Chauvet a été découverte en 1994 par trois spéléologues, son art pariétal datée de 31 000 années – ce qui en fait la plus ancienne cave décorée de l’humanité – n’est visible chaque année que par un nombre restreint de personnes. Nous nous souvenons de l’excellent documentaire du cinéaste allemand Werner Herzog, La grotte des rêves perdus sorti sur les écrans en 2010, qui avait pu se rendre brièvement sur les lieux accompagné d’une équipe de tournage réduite.

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Classé dans: 2.10 Littérature française, 8.20 Littérature américaine

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Les cailloux de Cayenne

SamWinston© Sam Winston, Drawing On Memory 

Avec son autobiographie Just Kids (2010), Patti Smith revenait avec beaucoup de délicatesse sur son enfance en Illinois mais aussi et surtout sur ses premières années new-yorkaises et la vie qu’elle partagera avec le photographe Robert Mapplethorpe. La chanteuse américaine nous faisait plonger dans ce New-York en ébullition du début des années soixante-dix en nous narrant son chemin artistique qui aboutira à l’album Horses et lancera sa carrière de rockeuse en 1975.

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Classé dans: 8.20 Littérature américaine, VARIA

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Surpris par la nuit : les objectivistes américains

Surpris par la nuit

Louis Zukofsky et Paul Blackburn © 1997 Elsa Dorfman (it’s our tiny refrigerator)

*

« Sincérité et objectivation », « Je vois une chose, elle m’émeut, je la transcris comme je la vois, je m’abstiens de tout commentaire ». C’est ainsi que Louis Zukofsky et Charles Reznikoff décrivaient ce mouvement mis au goût du jour avec la publication du numéro que leur a consacré la Revue Poetry en 1931. S’ajoutent à ce petit groupe, George Oppen et Carl Rakosi. Aussi pourrait-on y accoler un cousin anglais, Basil Bunting qui, à la même époque, traçait une veine poétique similaire. Inspirés par Ezra Pound et Carlos Williams Carlos, leur influence n’a cessé de croitre tout au long du XXème siècle.

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Classé dans: 8.20 Littérature américaine

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En quête de miracle

post

Marina Abramovic, 1974

En 1974, dans une galerie de Naples, une jeune femme d’origine yougoslave décrète qu’elle se tiendra, six heures durant, à la disposition du public, acceptant passivement tout ce qu’on jugera bon de lui faire subir. Pour encourager la participation des visiteurs, elle dispose sur une table différents objets parmi lesquels des chaînes, des fouets, une ceinture en cuir, des lames de rasoir, une fleur, des plumes, une lotion pour le corps.Pendant les premières heures, les visiteurs se contentent de tourner autour de l’artiste, effleurant, ou tâtant, délicatement certaines parties de son corps. Cependant, la nature des interventions évolue et, aux environs de la quatrième heure, tous les vêtements de l’artiste ont été lacérés, et elle est, elle-même, l’objet d’actes de plus en plus violents. Un petit homme âgé tire le visage de l’artiste à lui et l’embrasse longuement sur la bouche. Le corps nu est étreint, pincé, fouetté. Quelqu’un entreprend même de pratiquer des incisions à l’aide des lames de rasoir et de sucer le sang des blessures. Aux environs de la cinquième heure, le public réalisant que l’artiste, décidément, n’offrira aucune résistance, quoi que l’on entreprenne sur son corps, il devient clair que la jeune femme, désormais, a toutes les chances d’être agressée plus violemment encore et violée avant la fin de l’action. La situation semble même prendre un tour si incontrôlable qu’un groupe de protecteurs se forme peu à peu. Quand, aux environs de la sixième heure, un individu particulièrement diabolique place un revolver chargé dans la main de l’artiste, dispose le doigt de celle-ci autour de la détente et tente de pointer le canon vers sa tempe, les protecteurs s’interposent pour écarter définitivement tout danger.

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Classé dans: 8.20 Littérature américaine, VARIA

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